Type de texte | source |
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Titre | La Pratique du théâtre |
Auteurs | Aubignac, François Hédelin d’ |
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Date de publication originale | 1657 |
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, « Des spectacles, machines et décorations du théâtre » (numéro IV, 9) , p. 488
Ils [[5: les spectacles, machines et décorations du théâtre]] doivent être agréables à voir, car c’est par ce charme que le peuple s’y laisse attirer : ce n’est pas que je veuille empêcher le poète d’y mettre des choses, qui dans la nature seraient épouvantables, monstrueuses et horribles ; mais il faut que l’artifice les exprime si bien que la peinture puisse donner du contentement ; comme le tableau d’une vieille, ou d’un mourant, est souvent si excellemment fait qu’il est sans prix, encore que personne ne voulût être en l’état des choses représentées. [[1:Non in lætitia sola jucunditas sita est, picturarum quoque facies horribiles nihilo secius spectantur et juvant. Scal. lib. 7. c. 97.]]
Dans :Cadavres et bêtes sauvages, ou le plaisir de la représentation(Lien)
, « De l’unité de l’action » (numéro II, 3) , p. 137-139
Nous avons dit qu’un tableau ne peut représenter qu’une action, mais il faut entendre une action principale ; car dans le même tableau le peintre peut mettre plusieurs actions dépendantes de celle qu’il entend principalement représenter. Disons plutôt qu’il n’y a point d’action humaine toute simple et qui ne soit soutenue de plusieurs autres qui la précèdent, qui l’accompagnent, qui la suivent et qui toutes ensemble la composent et lui donnent l’être ; de sorte que le peintre qui ne veut représenter qu’une action dans un tableau, ne laisse pas d’y mêler beaucoup d’autres qui en dépendent, ou pour mieux dire, qui toutes ensemble forment son accomplissement et sa totalité. Celui qui voudra peindre le sacrifice d’Iphigénie, ne la mettra pas seule au pied de l’autel avec Calchas ; mais à l’exemple de Timanthes, il y ajoutera tous les princes grecs avec une contenance assez triste, Ménélaus son oncle avec un visage extrêmement affligé, Clytemnestre sa mère pleurant et comme désespérée, enfin Agammenon avec un voile sur son visage, pour cacher sa tendresse naturelle aux chefs de son armée, et montrer néanmoins par cette adresse l’excès de sa douleur. Il n’oublierait pas aussi de faire paraître dans le ciel Diane toute prête d’arrêter le bras et le glaive du sacrificateur ; à cause que toutes ces différentes actions accompagnent et font partie de cette triste et pieuse cérémonie, qui serait faible et dénuée de tous ses ornements sans toutes ces ingénieuses circonstances. C’est de la même façon que le poème dramatique ne doit contenir qu’une seule action, car il la faut mettre sur le théâtre toute entière avec ses dépendances, et n’y rien oublier des circonstances qui naturellement lui doivent être appropriées.
Dans :Timanthe, Le Sacrifice d’Iphigénie et Le Cyclope (Lien)